Nous pourrions croire que la nature est en pause en cette période, mais c’est tout l’inverse. Le mois de janvier n’est pas un mois d’inactivité au jardin ! Les jours rallongent et si la météo le permet ou bien que vous résidez en climat doux et/ou que vous possédez un abri, des semis peuvent être réalisés. Les principaux chantiers resteront donc tournés vers la préparation de l’année à venir et de la protection de vos plantations contre le froid.

C’est en effet la période parfaite pour entretenir et nettoyer vos bordures (allées, massifs etc…), faire l’inventaire de vos graines, lister vos futurs commandes de plant et planifier vos plantations.

OBREDIM : PLANIFIER L’ÉVOLUTION DE VOTRE JARDIN OU SA CRÉATION.

Je vais vous parler ici d’une méthode que j’utilise afin d’organiser et développer mes jardins. Une méthode simple à reproduire qui vient des  préceptes de la permaculture. La permaculture est une démarche de conception de culture intégrée et évolutive imitant les écosystèmes naturels (plus d’infos dans ma bibliothèque). La méthode OBREDIM en permaculture est souvent mise en oeuvre pour mettre en place des designs. OBREDIM est un anachronisme anglais qui signifie : observer, bordures, ressources, évaluation, design, implémentation et maintenance. Voyons tous ces éléments ensemble.

L’OBSERVATION

Une étape importante qui prend du temps. L’environnement a, à mon sens, une place centrale dans un projet, qu’il s’agisse d’un potager, d’une ferme, d’un jardin etc.. Il vous faudra observer le terrain (les pentes et les chemin d’accès), sa localisation (plaine, forêt etc…) et son climat (ombre, vent, zones humides etc..). Sans oublier de réaliser une observation de la faune et la flore et du type de sol. Vous pourrez étudier votre sol et la terre grâce aux plantes déjà présentes et voir s’il est acide ou non.

LES BORDURES

Il s’agit à la fois des limites visibles et invisibles. On entend par bordure les bordures physiques de votre jardin ou potager, mais pas seulement. Il faut dans ce cas connaître les limites humaines (manque de temps, de compétence, de moyens financiers, etc.) et naturelles (la pente du terrain, le passage d’un cours d’eau, etc.).

LES RESSOURCES

Prenez en compte vos ressources  pour la mise en oeuvre. Il s’agit là encore des ressources de la nature comme les déchets verts, l’eau, le vent, le bois, etc. ou encore de vos ressources en outillage et financier (pour l’achat d’outils, de plants ou de semences). Sur le long terme, une fois les plantes mises en place, il faut envisager les ressources possibles en terme de production (de bouture par exemple, de déchet vert ou de semence).

L’ÉVALUATION

L’évaluation vous permettra de faire une synthèse des points précédents et de repenser vos envies et vos besoins dans ce projet.

LE DESIGN

L’aménagement de votre jardin doit vous permettre de lier vos observations et vos réflexions. L’objectif est d’aborder la conception d’un jardin simple, mesurable, accepté, réaliste et cela en fonction du temps que vous voulez y consacrer (c’est SMART ! ). Une feuille de papier et un crayon sont de bons outils !

L’IMPLENTATION 

C’est le moment ou l’on se retrousse les manches et où l’on enfile ses bottes ! C’est la mise en terre dans chaque zone que vous avez définie. Il faudra respecter une certaine chronologie, car le résultat souhaité peut prendre du temps ! c’est la recette d’un système durable.

LA MAINTENANCE

C’est l’entretien au fil des saisons ! 

ENTRETIEN : NETTOYAGE ET PAILLAGE.

À la ferme, je commence le mois par le nettoyage et je compte sur une aide précieuse ! En plus de me proposer des oeufs et une solution pour mes déchets de cuisine, mes poules et oies ont un rôle très utile dans la gestion des jardins. Elles vont enrichir le système et vont entrer en rotation pendant toute la saison hivernale grâce au poulailler mobile (10 jours suffisent à mes 8 poules et mes 3 oies pour nettoyer un jardin de 400m2). Leurs fientes et leurs plumes, riche en azote, phosphore, potassium et calcium vont servir de composte. elles vont brouter la végétation et grâce à leurs pattes et à leur bec, elles vont gratter et scarifier la terre pour se nourrir. La débarrassant ainsi des larves, vers et insectes bio-ravageurs ou encore de fruits trop mûrs tombés par terre et contenant souvent des larves ou des maladies. Ce processus permet également d’aérer le sol et d’y incorporer leurs fientes. 

Si vous ne possédez pas de volaille, pas de panique, afin d’aérer le sol, je vous conseille la grelinette ! Elle permettra un travail superficiel, sans retourner la terre et en l’ameublissant de manière à bien incorporer par la suite un compost ou un apport de fumier. Car il est important de ne pas laisser un sol à nu. Vous pouvez utiliser les débris de branches tombés, des feuilles mortes ou vos déchets organiques pour constituer un paillage naturel et rééquilibrer le sol en azote et en carbone. Quelques pelleter de fumier placées sous votre paillage l’enrichiront d’autant plus !

Dans ma configuration, après le passage des poules, j’utilise du fumier de bovin ou d’équidé récupéré auprès de collègues paysans. Et j’ajoute des feuilles mortes provenant de la bordure de ma parcelle.

Ce sera le bon moment pour butter ou entretenir vos buttes (pour moi les buttes des fraisiers) pour ensuite ajouter du BRF (bois raméal fragmenté) ou résidus de crible.

MULTIPLICATION : LE BOUTURAGE  

Une chose intéressante à réaliser au mois de janvier est le bouturage. Un grand nombre de plante se bouture très facilement en hiver comme le rosier, la vigne, le sureau, le saule ou encore les petits fruits comme le cassisier et le groseiller etc…Je profites de mes chantiers de taille pour récupérer cette ressource précieuse.

À noter que diminuer le feuillage de vos boutures, ou le retirer totalement,  limite l’évapotranspiration. Je vous recommande aussi de les placer à l’ombre et abrité, tout cela, pour empêcher qu’elles sechent.

Étalez un paillage à chaque pied comme décrit plus haut. Un bon paillage de matières organiques, d’une vingtaine de centimètre, offrira aux futurs plants, les nutriments nécessaires à leur bon développement et les protégera en cas de gel. Cela permettra également au réseau mycorhizien de grandir

ENTRETIEN ET PLANTATION DES ARBRES ET ARBUSTES.

Hors période de gel, taillez les arbres fruitiers et arbustes pour une belle formation et favoriser la futur fructification. Encore une fois, remettez du paillage au pied des arbres.

À la ferme j’ai essayé de varier les “recettes” de paillage d’une année sur l’autre afin d’apporter au sol et aux plantations des nutriments diversifiés et limiter les excès (trop de carbone entraine une faim d’azote par exemple).

Si comme moi, vous vous chauffez au bois, vous pouvez récuperer la cendre. Cette année, j’ajoute une poignée par M2 ou par pied. La cendre est riche en éléments (potasse et calcium etc..).

“Le meilleur moment pour planter un arbre était il y a 20 ans. Le deuxième meilleur moment est maintenant.” – Proverbe chinois – SANTEVELO

Vous pouvez planter tout type de fruitier, d’arbustes fruitier ou d’ornement en cette période qui va se prolonger jusqu’au débourrage des bourgeons entre fin février et Mi- mars.

Je conseille de praliner les racines des plants avant de les mettre dans le trou. De l’eau, de la bouse de vache et de la terre sont à mélanger jusqu’à obtenir la consistance d’une pâte à crêpe. Les racines, baignées dedans, seront mieux protégées du désechement et bénéficiront d’un boost de reprise.

Une fois le trou rebouché, un dernier paillage est à réaliser.

 

Il y a énorment d’autres tâches à réaliser en Janvier,  c’est ici un petit recueil d’idées basées sur mon activité à la ferme. On se retrouve dans un mois pour poursuivre la saison !! 

 

Johan.